Tonton vous a ramené un djembé du Sénégal, alors vous tapez dessus, seul dans votre coin, ou au mieux avec quelques copains qui font un peu n' importe quoi.
C'est plutôt sympa, et même parfois il peut vous effleurer l'esprit que vous êtes bon.
N'en croyez rien, il suffit d'être confronté une fois à un vrai djembéfola, pour comprendre que c'est un instrument, qui comme tout instrument demande une étude rigoureuse.
Une méthode est un outil intéressant pour travailler chez soi, mais cela n'est jamais suffisant.
D'une part rien ne peut remplacer ce que peut apporter un professeur (correction des défauts, mimétisme.....), et d'autre part, il ne faut jamais oublier que la vocation de cet instrument est de jouer en groupe (polyrythmie, complément indispensable des dunums).




Qu'il est affaire à des débutants où à des joueurs plus confirmés, notre regretté maître Soungalo Coulibaly insistait toujours la dessus lors des stages: le son est l'essentiel.
Pour lui l'acquisition des rythmes était secondaire par rapport à celle des sons.
Les trois sons de base (basse, tonique, claqué) sont toujours perfectibles et nécessitent une attention constante.




Pour jouer et mémoriser un rythme, il faut être capable de le chanter.
Pour cela on utilise des syllabes qui correspondent à un son du djembé ( par exemple
TA TOU TA ...TA = claqué ...TOU = tonique).
Avec l'entraînement un automatisme se crée au niveau des mains qui reproduisent ce que l'on chante (à haute voix ou mentalement).
Les musiciens africains n'utilisent pas de partitions écrites, la transmission est orale, et c'est pour eux un moyen mnémotechnique d'apprendre les rythmes.
Les ethnomusicologues parlent de notation orale.




Nous pratiquons une musique polyrythmique ou chaque rythme doit être parfaitement calé par rapport aux autres, d'où la nécessité d'être toujours en osmose avec les autres musiciens.
L'essence de la musique africaine est avant tout une communion intense entre les musiciens eux-mêmes, et entre les musiciens et la communauté.
Le défaut courant est d'être concentré avant tout sur nous même quand nous jouons.




Pour jouer correctement, il est nécessaire de ressentir le rythme physiquement.
Pour entretenir le sens métronomique (qui doit être très précis pour bien jouer la musique africaine), il faut tout en jouant maintenir la pulsation du rythme.
Les mouvements du corps et l'état de tension qui en découlent donnent l'influx nerveux pour entretenir le tempo, mais aussi tous les rythmes secondaires qui s'impliquent dans ce tempo.
Famadou Konaté dit : " je constate régulièrement que les élèves européens ne sont pas capables de bouger correctement sur la musique, qu'ils n'arrivent pas à la suivre corporellement ni quand ils jouent, ni quand ils dansent.C'est un grand problème quand il s'agit d'apprendre la musique africaine. "
Il est important de s'entraîner à jouer debout, au début cela semble plus difficile, surtout pour garder de la précision dans les frappes ( et donc la qualité du son), mais au final on se rend compte que la liberté de mouvement permet de mieux laisser s'exprimer les rythmes et garder la dynamique du jeu.
Danser c'est déjà un peu jouer, et jouer c'est laisser danser ses mains avec le reste de son corps.




Il est essentiel de faire"chanter" les rythmes.
Un rythme que l'on ne fait pas swinguer perd toute sa saveur.
Il faut veiller à bien respecter le chant de la rythmique que l'on joue en évitant de placer les frappes à contretemps sur le temps où l'inverse, ce qui mène à annuler la tension interne du rythme.
Un défaut courant est de réduire certains espaces dans le rythme, ce qui amène une accélération du tempo.
De façon plus subjective, faire swinguer un morceau et non pas le jouer de façon mécanique dépend de l'état d'esprit avec lequel on joue.
Il faut vraiment s'investir pleinement afin de donner le groove qui fera vibrer à l'unisson l'ensemble des participants.




Le contrôle du volume sonore se fait à deux niveaux.
D'une part, quand on joue une phrase rythmique, il y a des sons qui demandent a être marqués plus que d'autres, afin de mieux faire chanter le rythme.
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D'autre part, le niveau sonore de chaque musicien doit être adapté à l'ensemble des autres musiciens afin que la polyphonie reste harmonieuse et équilibrée.it être



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Une pratique régulière est indispensable pour progresser.
Essayez de jouer le plus souvent possible (quatre à six heures par semaine semblent un minimum).
Le travail seul est un complément du travail de groupe qui permet entre autre de travailler le son.
Si vous n'avez pas encore de durillons en corne au niveau des doigts, il y a des chances que vous ne jouiez pas suffisamment.




Ne cherchez pas à brûler les étapes, on ne devient pas soliste en quelques mois.
Sougalo Coulibaly nous expliquait qu'en Afrique un élève (qui suit le maître et écoute) peut passer deux ans à jouer Pa Pi Pa (rythmique de base du ternaire).
On ne perd jamais son temps à voir et revoir des rythmes simples si on garde à l'esprit que l'on peut toujours mieux les jouer.




La progression n'étant pas linéaire, il peut y avoir des phases de paliers ou il ne faut pas se décourager.,
Surtout amusez vous et ne perdez jamais le plaisir de jouer.